au tribunal.

Écrit par le 28 avril 2025

Ce lundi, comparaissait devant la cour d’assises de Papeete un homme ayant tenté d’assassiner son fils, en lui faisant boire de force une importante quantité d’anxiolytiques diluée dans du whisky. Une tentative avortée à l’époque (mars 2022) qui a néanmoins porté ses fruits : la victime s’étant donné la mort à trois semaines du procès, le 8 avril dernier. L’accusé encourt la perpétuité.

Ce lundi, à la cour d’assises de Papeete, s’est ouvert le procès d’une tentative d’assassinat par empoisonnement d’un père envers son fils âgé de 20 ans, survenu le 24 mars 2022 à Faa’a. Ce jour-là, aux alentours de 5 heures du matin, l’homme, gendarme au moment des faits, s’est rendu alcoolisé dans la chambre de son fils afin de lui demander d’ingérer le contenu d’un verre. À l’intérieur, du whisky mélangé à une forte dose de Diazépam, un anxiolytique. Le père, également verre à la main, expliquait alors à son fils qu’ils allaient mourir ensemble. Une proposition peu attrayante que le jeune garçon s’est empressé de refuser. Énervé, le père a insisté, violemment, obligeant son fils à donner un grand coup de pied pour renverser le verre et sa substance. Le refus de trop. L’homme s’est mis à étrangler son fils des deux mains tout en lui disant : “Laisse-toi faire !” Mais après s’être débattu de toutes ses forces, le jeune homme est parvenu à repousser son père et à prendre la fuite. Torse et pieds nus, le jeune homme a tenté de trouver de l’aide d’abord chez une voisine, puis à la station-service du coin, mais en vain. Son père à ses trousses, pas le temps de s’arrêter. Ce n’est qu’une fois arrivé à un magasin de grande distribution et devant son vigile, que le garçon a pu trouver refuge et attendre les gendarmes. Entretemps, son père s’était effondré par terre à quelques dizaines de mètres de la station-service. Il fut transporté inconscient vers le centre hospitalier de Taaone.

Suite à la déposition du fils et aux vidéos de surveillance des différents commerces des alentours, la perquisition du domicile a été prononcée et a permis la saisie de nombreux écrits rédigés par le père avant son passage à l’acte. Post-it, lettres… l’homme y dévoile ses tourments, ses fautes, ses crimes : “J’ai fait des erreurs au niveau de la justice et mes actes sont répréhensibles”, s’est-il confié par écrit. “Je suis le loup parmi les moutons. Je suis un manipulateur, un violeur et un meurtrier. (…). Je vous ai tous manipulé, toute ma famille, mes proches et mes collègues de travail parce que je suis gendarme. L’habit ne fait pas le moine. (…) J’ai toujours eu un coup d’avance sur tout le monde, mais ce matin le masque tombe.” Et pour cause, toujours dans ses écrits, l’homme raconte avoir fait interner son fils en prétendant qu’il était schizophrène, alors que celui-ci était en fait un simple consommateur de cannabis. Une consommation de cannabis que le père aurait d’ailleurs financée afin de rendre son fils manipulable et pour s’en débarrasser. De ses propres mots, l’homme avoue dans ses lettres : “J’ai manipulé tout le monde afin de tuer mon fils.” Une ambition qui s’est soldée par un échec mais qui a fini par aboutir quelques années plus tard. Car, si le garçon s’en est effectivement tiré le matin du 24 mars 2022, il s’est finalement donné la mort le 8 avril dernier, à Raiatea, à trois semaines du procès.

Fils de tous les malheurs et fruit d’une union non consentie – d’un viol pour être plus clair – le fardeau était devenu trop lourd. Son père n’a jamais voulu ni de lui, ni de sa mère. L’homme est d’ailleurs parti avant sa naissance et a refait sa vie avec une autre. Père pour la seconde fois, celui-ci semblait avoir enfin mis de côté ses mauvais penchants pour se consacrer à sa nouvelle vie de famille. Une paix qui a volé en éclat le jour où son fils est réapparu après avoir fui sa mère biologique avec qui il ne s’entendait plus. Des retrouvailles et une nouvelle vie de famille recomposée qui n’ont, hélas, pas fait long feu. Entre le garçon et sa belle mère, une guerre froide, d’usure, qui a conduit à la séparation des parents. Une descente aux enfers pour le père de famille, rattrapé par ses péchés d’antan, et une énième déception émotionnelle et sentimentale pour le fils. Une rupture définitive entre le père et son fils dont on connaît désormais le dénouement.

Interrogé ce lundi à la barre de la cour d’assises de Papeete, le père a reconnu l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. Même si, lorsqu’on lui a demandé les raisons qui l’ont poussées à cette machination, ce dernier s’est contenté d’un “ Je ne sais pas”. Une réponse qui n’a pas suffit à l’avocat général qui a d’ailleurs tenté de mettre le doigt sur l’aspect prémédité de ce drame, ainsi que sa vraie finalité. Ce dernier suggérant que le père n’a jamais eu pour objectif de mourir au côté de son fils, mais plutôt de le tuer lui et lui seul. En effet, selon l’avocat général, l’homme s’était très bien renseigné sur la composition du poison et se serait arrangé pour être “trouvé” rapidement afin d’être pris en charge et sauvé. Du côté de l’avocat de la défense, on défend la thèse du trouble psychologique : “Des expertises psycho-psychiatriques ont été réalisées dans le cadre de cette information judiciaire”, rappelle Me Loris Peytavit. “De ces deux expertises, la première nous dit que son discernement était aboli, et la seconde nous dit que son discernement était altéré au moment des faits. Ce que je voulais faire ressortir ce matin, c’est qu’effectivement mon client n’était pas dans son état normal au moment des faits. Ce qui a été établi de façon pas discutable par ses rapports d’expertise.” L’homme encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès devrait, quant à lui, se finir mercredi.


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