Matai Rorofai.

“Place nette”. “Dans la perspective des Jeux olympiques”, la Gendarmerie a mené “une vaste opération de lutte contre les trafics de stupéfiants” informent les services de l’Etat.

Du 15 au 30 mars, le commandement de la Gendarmerie a conduit cette opération baptisée “Matai Rorofai”, sous l’autorité conjointe du Haut-Commissaire de la République et de la Procureure. Une démarche qui “s’inscrit dans le cadre du plan zéro délinquance adopté par le Ministre de l’Intérieur et des Outre-mer dans la perspective des Jeux Olympiques.”

Elle fait suite à une première opération en décembre ciblant les trafics de stupéfiants et à une deuxième opération en février consacrée à la délinquance environnementale, précise le Haut-commissariat. L’opération a mobilisé de nombreux moyens spécialisés d’enquête en matière de criminalité organisée, de lutte contre les trafics, de fraudes, de lutte contre l’économie souterraine et de cybercriminalité : enquêteurs de la Section de recherches, de l’antenne de l’Office anti-stupéfiants, du Groupement interministériel de recherches, des experts en nouvelles technologies…

Par ailleurs, “des moyens spéciaux de l’escadron de gendarmerie mobile déplacé, de la Cellule
d’Identification Criminelle du commandement, ainsi que des opérateurs drones et des équipes cynophiles ont été mobilisés”. Enfin, des opérateurs du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), en matière d’observation-surveillance et d’intervention, ont également été engagés. Chaque jour, “près de 150 gendarmes” ont procédé à des contrôles et conduit des investigations sur
les 5 axes du plan antistupéfiants du commandement de la gendarmerie : contrôle des flux routiers, destruction des plantations, “harcèlement” des points de deal, démantèlement des réseaux et enfin cyber investigations.

Contrôle des flux routiers
Au cours de cette semaine, “près de 823 véhicules ont été contrôlés et 226 dépistages stupéfiants ont été réalisés”. Au total, 134 infractions à la législation sur les stupéfiants ont été relevées dont 31 délits. Ces contrôles ciblés “démontrent une fois encore la réalité d’un phénomène qui, par les effets qu’il génère sur l’attention du conducteur, peut avoir des conséquences dramatiques sur la route” insistent les forces de l’ordre.

A Arue, un contrôle routier a été organisé. Quinze militaires ont procédé à “245 vérifications de véhicules, au cours desquelles 38 infractions ont été relevées, dont 5 cas de conduite sous l’emprise de stupéfiants”.
À Punaauia et Moorea, deux points de contrôle routiers menés par la Brigade Motorisée “ont abouti à la
constatation de 5 infractions liées à la conduite sous l’influence de stupéfiants”.
A Tahaa et Bora Bora, deux infractions ont été constatées, l’une d’entre elles impliquant un conducteur trouvé en possession d’herbe de cannabis. La plupart de ces opérations de dépistage sont réalisées “sur réquisition du parquet avec l’engagement d’équipes cynophiles spécialisées”.
Destruction des plantations
Au cours de cette opération, “les unités de Tahiti et des archipels ont détruit 5130 plants de paka”, sur Tahiti (Papara, Faa’a, Tiarei), Raiatea et Huahine mais également dans les Australes et aux Marquises. Lundi et mardi, à Huahine, deux opérations distinctes ont été réalisées contre la culture de cannabis. La
première, réalisée par le brigade territoriale, a permis la découverte de 5 plantations contenant au total 422 plants de cannabis. La seconde, dirigée par la compagnie des Archipels, avec le soutien de l’hélicoptère 35F, a conduit à la découverte de 200 plants de cannabis supplémentaires sur deux autres plantations.

La gendarmerie a également mené de nombreuses perquisitions, “aboutissant presque systématiquement à la découverte et à la saisie de plants de cannabis”, ainsi qu’à la mise en cause de plusieurs individus. Depuis le début de l’année, les opérations de recherche et de destruction de plantation continuent, en Polynésie. Durant cette semaine, “50 opérations ont été conduites, 84 personnes ont été mise en cause dont 5 placées en garde à vue”. Dans ce cadre, au total 2,4 kilos de cannabis, 0,6 gramme d’ice et 560 000 F (4694€) ont été saisis.

“Harcèlement des points de deal”
Au cours de cette semaine, sur tout le territoire de la Polynésie, “42 opérations de contrôle ont été réalisées sur les différents points de deal de la zone gendarmerie conduisant au contrôle de 451 personnes, à la verbalisation de 38 individus et à la saisie de 124 gr d’herbe et 79 plants de paka”. Ces opérations ont été réalisées sur réquisition de la Procureure de la République avec engagement
notamment des équipes cynophiles. “Elles ont permis l’interpellation de 35 mis en cause dont un placé en garde à vue dans des faits d’usage/revente”.

Démantèlement des réseaux
En début de semaine, une opération a été conduite dans le cadre d’une information judiciaire qui a débuté il y a quelques mois à l’occasion d’une importation d’ice par voie aérienne. Les investigations réalisées par les enquêteurs mettaient en évidence “l’organisation d’une importation de méthamphétamines, par voie maritime, entre les USA et la Polynésie”. Le 15 mars, l’antenne GIGN de Polynésie procédait à l’interpellation des deux principales cibles. Cinq autres individus étaient interpellés avec l’appui des gendarmes de Faa’a. L’enquête “a permis de démanteler un réseau de trafiquants de stupéfiants structuré”.

Lundi 18 mars 2024, trois individus ont été mis en examen des chefs de trafic international de stupéfiants, d’association de malfaiteurs et de blanchiment et ont été écroués. Par ailleurs, une autre opération a été conduite par la section de recherches et l’office anti-stupéfiants sur commission rogatoire. “En coordination avec les directeurs d’établissement”, deux opérations de fouilles sectorielles ont été conduites durant cette semaine au sein du centre de détention de Tatutu et de la maison d’arrêt de Nuutania. La saisie de produits stupéfiants et de nombreux matériels associés “matérialise l’existence de réseaux au sein même des établissements pénitentiaires”.

Cyber investigations
Au cours de cette opération, “une offensive anti-stupéfiants a été conduite sur les réseaux sociaux afin de lutter contre le commerce en ligne de produits stupéfiants”. Sous l’égide du centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) et du Parquet de Papeete, 10 enquêteurs spécialisés ont réussi à interpeller 15 auteurs dont 11 pré-identifiés. “Les 7 perquisitions positives ont conduit à la saisie de 169 pieds de cannabis, de matériels utilisés pour la revente et la fermeture de 4 sites servant à la vente de cannabis et de graines”.

Au total, l’opération “Matai Rorofai” conduite par la gendarmerie s’est traduite par plus de 92
opérations en une semaine.

5378 pieds de cannabis détruits,
1,4 kg d’ice saisi,
2,8 kg d’herbe de cannabis.
Par ailleurs, 1,56 million de francs ont été saisis au titre des avoirs criminels, dont 1,49 million en
numéraire.
Au plan judiciaire,189 personnes ont été mises en cause pour des infractions à la législation sur les stupéfiants et 17 placées en garde à vue, dont 4 écrouées “portant par là même un coup significatif aux réseaux de trafics de stupéfiants en Polynésie française”.