La page né o né o… !!!
Écrit par Aldo SARCIAUX sur 8 novembre 2023
Les affaires de mœurs, tristes et sordides, se suivent et se ressemblent au Palais de justice de Papeete. Ce mardi 7 novembre, trois affaires pour agressions sexuelles sur mineurs, dont deux incestueuses, étaient jugées. Parmi elles, celle d’un retraité de 69 ans, qui comparaissait pour attouchements et agressions sexuelles sur sa petite-fille en 2018, celle-ci alors âgée de 14 ans au moment des faits.
C’est un homme qui semble fatigué et marqué par la vie qui se présente devant la barre. Il est à la retraite depuis déjà une vingtaine d’années, des évènements de la vie l’ayant poussé à cesser le travail, après environ trente ans passés dans le BTP.
Fin d’année 2018, le patriarche de la maison dérape
Pourtant, s’il est là, debout devant le juge, c’est qu’il est accusé d’agissements extrêmement graves : attouchements et agressions sexuelles sur sa petite-fille. Celle-ci est âgée, au moment des faits, en 2018, de 14 ans. Ses parents sont séparés, elle vit avec son père, ses oncles et son grand-père dans la maison familiale, à la presqu’île.
Fin d’année 2018, le patriarche de la maison dérape. Il s’introduit dans la chambre de la jeune fille, à plusieurs reprises. Masturbation, pénétration digitale, et d’autres actes pénalement répréhensibles se produisent et marquent à jamais la vie et l’intimité de l’adolescente.
Un sentiment de loyauté envers sa famille
Il faudra attendre un évanouissement de la jeune fille, en classe, en début d’année 2019, et un rapport des services de la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité, pour que les faits éclatent au grand jour.
La victime préfère taire, jusque-là, les agissements de son grand-père, pour lui éviter la prison, comme elle le dit aux enquêteurs ou aux psychologues experts qui estiment qu’elle a tenté de minimiser les faits et qu’elle avait un sentiment de loyauté envers sa famille.
Un parcours judiciaire de cinq ans
S’en suit alors un long processus juridique, quasi interminable, durant lequel la jeune fille se déscolarise, commence à boire, se mutile et se scarifie. Jusqu’à ce 7 novembre 2023, où grand-père et petite-fille se retrouvent une nouvelle fois.
A la barre, le matahiapo est peu bavard, peu enclin à la discussion, comme marqué d’une amnésie : “Je ne sais pas, je ne comprends pas”, ou alors charge sa motua, l’accusant d’avoir menti pour pouvoir aller vivre chez son petit copain de l’époque. Des oublis mais un présumé coupable qui demande le pardon et présente des excuses à la barre.
“Je n’arrive pas à retenir les choses”
Pourtant, à sa charge, vidéo et photo prises par sa petite-fille lors de l’une de ses pulsions malsaines. Même là, il perd la mémoire, ce qui surprend (ou agace?) le juge qui lui demande s’il a souvent des pertes de mémoires. Réponse de l’intéressé : “oui, des fois (…) Je n’arrive pas à retenir les choses…”
Des agressions qui se répètent au domicile mais aussi à l’extérieur comme ce jour ou le papy emmène sa petite-fille apprendre à conduire sur les routes quasi désertes du plateau à Taravao. S’en suivent alors des agressions sexuelles. A la barre, celle qui est aujourd’hui une jeune femme dit ne ressentir que de la haine et est marquée par ces longues années de procédures.
“Des éléments intangibles, non équivoques”
L’avocat de la jeune femme, lors de sa plaidoirie, insiste sur le traumatisme subi par sa cliente,“l’impact monumental sur sa vie”. Une plaidoirie soutenue par le Procureur de la république qui, dans son réquisitoire, indique qu’il n’avait jamais eu affaire à ce type de situation où vidéo et photo ont pu être prises lors des agissements.
Selon lui, les “éléments intangibles, non équivoques” ne font aucun doute de la culpabilité de l’homme pour qui il requiert une condamnation de quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt et un suivi socio-judiciaire de cinq années.
Trois ans de prison ferme et mandat de dépôt
La défense, pour sa part, demande la relaxe. Elle tente de semer le doute sur la véracité des faits. Elle appuie son argumentaire sur des rapports présentant une présumée victime à la personnalité manipulatrice et menteuse.
Les juges ont finalement condamné l’homme à trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt, au paiement d’1,2 million de francs au titre du préjudice moral subi ainsi qu’à l’inscription du retraité au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.